Les responsables de la Coopérative du Marché Gouro d’Adjamé (COMAGOA) ont tenu une conférence de presse ce lundi 3 février 2025 dans un restaurant à Cocody-Angré 8ᵉ Tranche. Objectif : interpeller les autorités sur la fermeture du marché Gouro d’Adjamé et adresser un plaidoyer au député-maire de la commune, Soumahoro Farikou, pour une réouverture rapide des lieux.
Un appel à la reprise en main de la gestion par les femmes
Selon Nayé Bernadette, commissaire aux comptes de la COMAGOA, la gestion du marché a longtemps été confiée à des hommes, ce qui aurait engendré des tensions au sein de la coopérative. Elle dénonce des dérives financières ayant causé un profond malaise parmi les véritables membres du groupement. « Depuis 20 ans, après le décès de notre mère fondatrice, la gestion a été confiée à une certaine Jeannette, qui travaillait déjà aux côtés de la fondatrice. Par la suite, des hommes ont assuré l’intérim, mais ils ont profité de la situation pour s’enrichir. Certains ont construit trois maisons et se sont octroyé de gros salaires, tandis que nous, les vraies membres de la coopérative, ne recevions que 25 000 FCFA, eux, nos travailleurs, ils sont payés à 700.000, 600.000, 400.000 FCFA », a-t-elle dénoncé. Face à ces abus, les femmes de la coopérative ont manifesté leur volonté de reprendre le contrôle du marché et d’en exclure les hommes. Selon elles, cette initiative aurait précipité la fermeture du marché sans qu’elles en comprennent réellement les raisons.
Un marché fermé, une incompréhension totale
Aboya Adèle, trésorière de la COMAGOA, a exprimé son étonnement face à cette décision et plaidé pour un dialogue avec la municipalité. « Nous ne comprenons pas pourquoi le maire a pris cette décision. Nous n’avons aucun problème avec lui et lui devons un profond respect. Nous souhaitons simplement qu’il ouvre notre marché pour que nous puissions continuer nos activités. » Dans ce climat d’incertitude, les commerçants dénoncent également des manœuvres visant à perturber la situation. Selon leurs dires, des individus auraient été recrutés pour organiser un sit-in devant le marché, ce qui aurait conduit à des incidents violents. « Un vigile a été agressé par un agent de la police municipale et s’est évanoui sous le choc », ont-ils rapporté.
Un chantier en suspens, un avenir incertain
La fermeture du marché survient alors que le site est en pleine reconstruction, compliquant davantage la situation pour les commerçants et les investisseurs. « Le promoteur est déjà bien avancé dans les travaux. Il serait dommage d’arrêter la construction à ce stade », ont fait remarquer les responsables de la COMAGOA. Face à cette impasse, les commerçantes lancent un appel aux autorités locales et nationales pour une résolution rapide du conflit, afin de permettre la reprise des activités commerciales essentielles à leur survie économique.
Toussaint Konan