C’est une page d’histoire que le Président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Dr. Akinwumi A. Adesina, s’apprête à tourner. Dix ans après son élection à la tête de l’institution panafricaine, le patron de la BAD a donné, ce lundi 26 mai 2025 au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan-Cocody, le coup d’envoi des 60e Assemblées générales annuelles de la Banque, devant un parterre de journalistes et de hauts cadres du Groupe.
Dans une conférence de presse empreinte d’émotion, d’humilité et de détermination, Adesina a dressé le bilan de son mandat, tout en projetant l’avenir de la Banque. Un passage de témoin imminent, mais surtout la célébration d’une décennie de réformes profondes et de résultats concrets au service du développement du continent africain.
« Il y a dix ans, ici même à Abidjan, je me tenais devant beaucoup d’entre vous pour la toute première fois, fraîchement élu Président du Groupe de la Banque africaine de développement… Aujourd’hui, je vous souhaite la bienvenue non seulement aux Assemblées annuelles 2025, mais aussi au dernier chapitre d’une décennie remarquable de transformation », a lancé Dr. Adesina en guise d’introduction.
À travers un discours franc, sincère et inspirant, il est revenu sur l’impact des High 5, ces cinq priorités stratégiques qui ont guidé l’action de la Banque : électrifier, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des Africains. Ces orientations ont permis de transformer la BAD en une véritable « banque de solutions », touchant directement plus de 565 millions de personnes à travers le continent.

Des statistiques impressionnantes traduisent cette ambition :
128 millions de personnes ont désormais accès à de meilleurs soins de santé ;
121 millions bénéficient d’un transport de qualité ;
104 millions sont en sécurité alimentaire ;
63 millions ont accès à l’eau potable ;
28 millions à l’électricité.
Mais au-delà des chiffres, c’est l’humanité du développement que Dr. Adesina a voulu rappeler à travers des récits poignants. À l’instar de cette bénéficiaire au Kenya qui déclarait : « Je ne connais pas la Banque africaine de développement. Je ne connais pas son Président. Tout ce que je sais, c’est qu’avant, nous étions dans le noir. Aujourd’hui, nous avons la lumière. » Le président sortant a aussi souligné les grandes avancées institutionnelles de la Banque : un triplement de son capital, atteignant 318 milliards de dollars, la plus grande reconstitution du Fonds africain de développement (8,9 milliards USD), et des innovations financières majeures comme les instruments de capital hybride et la titrisation synthétique.

Ces acquis ne sont pas un aboutissement, mais un socle solide pour l’avenir. À l’approche de la fin de son mandat, Dr. Adesina affiche une confiance inébranlable en l’avenir de l’institution. « Je laisse derrière moi une institution financière forte, résiliente… Nous sommes à la pointe de l’innovation financière mondiale… Et nous préparons l’Afrique à être un leader de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’énergie, de la transformation numérique et de la résilience climatique. »
Ces 60e Assemblées annuelles, qui se tiennent jusqu’au 30 mai, réunissent plus de 5 000 délégués venus de 91 pays autour du thème : « Optimiser le capital de l’Afrique pour le développement de l’Afrique ». Une plateforme de réflexion et de proposition pour répondre aux grands défis du continent : stabilité macroéconomique, transitions énergétiques, sécurité alimentaire, financement climatique… Mais pour réussir, Dr. Adesina lance un appel fort à un partenaire clé : la presse. « Votre rôle, Mesdames et Messieurs, est plus important que jamais… Vous n’êtes pas de simples observateurs. Vous amplifiez la voix de l’Afrique. Vous façonnez le récit. »
Dans un ton personnel et émouvant, il a conclu en ces termes : « Servir en tant que Président du Groupe de la Banque africaine de développement a été le plus grand honneur de ma vie… À ce nouveau chapitre, pour la Banque, pour l’Afrique, pour notre histoire commune : je lève mon verre. À la progrès. À la partenariat. Et oui, à nos High 5 ! » Un discours qui restera dans les annales de la BAD, et qui marque avec éclat la fin d’un cycle et l’ouverture d’un avenir qu’Adesina, fidèle à son style, envisage résolument « tourné vers l’action, les résultats et l’humain ».
Toussaint Konan