« L'agenda africain de gestion de la dette publique en matière de restauration et de préservation de la viabilité de la dette » c’est le thème autour duquel se tient durant trois jours au Togo, la Conférence de l'Union Africaine (UA) sur la dette. Le Président du Conseil de la République Togolaise, Faure Essozimna Gnassingbé, a procédé ce lundi 12 mai à l'hôtel 2 Février de Lomé à l'ouverture de cette conférence, en présence de son homologue Ghanéen John Dramani Mahama. Plusieurs personnalités dont le ministre ivoirien des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, étaient également présents au premier jour de ladite conférence.
Après la cérémonie d'ouverture, le représentant de la Côte d'Ivoire a coanimé un panel ministériel avec deux collègues ministres africains des Finances et deux experts Gouverneurs de Banques centrales. Ce panel qui a porté sur « Le Cadre commun du G20 et l'actuelle impasse de la dette en Afrique : faut-il un nouveau mécanisme d'allégement de la dette ? » a permis au Ministre Adama Coulibaly de partager l’expérience de son pays en matière de gestion de sa dette et de recherche de financements sur les marchés. D’emblée il a tenu à préciser que si la Côte d’Ivoire n’avait pas adhéré à ce jour au mécanisme de restructuration de la dette, c’est tout simplement parce que le pays a accès aux marchés des capitaux. Ledit mécanisme de restructuration a été en effet mis en place pour aider les pays lourdement endettés à ramener leur dette à des niveaux soutenables.
C’est pourquoi, il a exhorté les pays africains à travailler d’abord sur les marchés des capitaux au niveau régional, espace qu’ils sont susceptibles de mieux maîtriser. «Ces marchés des capitaux doivent être développés pour financer le secteur privé. (...) Le marché des capitaux internationaux a ses caractéristiques propres. La Côte d'Ivoire a accès à ce marché. (...) Mais pour aller sur le marché des capitaux, il y a des précautions à prendre. C'est un processus qu'il faut préparer de longue date. Il faut que les notations financières puissent se faire de façon régulière et consistante. Il faut se donner les moyens d’analyser de façon rigoureuse viabilité de la dette afin de s'assurer que cette dette est soutenable dans le temps, et qu’au final, le créancier peut vous faire confiance. Si vous n'avez pas des notations correctes, si vous n'avez pas un risque pays apprécié correctement, vous risquez d'avoir des taux d'intérêt qui sont les plus élevés sur le marché des capitaux », a expliqué le ministre ivoirien des Finances et du Budget, par ailleurs président du Conseil des ministres de l’UMOA. Qui a cependant noté que la notion de « risques pays » des partenaires qui travaillent sur la question est parfois surévalués, en ce qui concerne les pays en développement. C’est pourquoi il a encouragé l'avènement de l'Agence de notation africaine. Une agence qui, a-t-il dit, aura la capacité d'aligner les notations sur les réalités spécifiques des pays africains.
𝐆é𝐫𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐝𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥’𝐚𝐧𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
Le ministre Adama Coulibaly a également fait savoir que si la Côte d'Ivoire a été le premier à ouvrir le marché des capitaux après la Covid et la crise russo-ukrainienne, c'est parce que le pays a su gérer sa dette, par l'anticipation notamment. « Il faut projeter dans le temps les services de la dette à payer. Et s'il y a des risques de refinancement de certaines échéances, il faut les traiter à travers la gestion des passifs. A ce titre, il faut remplacer certaines lignes qui peuvent apparaître onéreuses par des lignes moins chères. C'est en cela que les instruments de garantie sont importants. Ce fut le cas de la Côte d'Ivoire qui a récemment lancé une opération avec une garantie - la Banque multilatérale (Banque mondiale) - qui a permis de lever des ressources sur le marché. Avec cette garantie, nous avons eu des taux très bas et les ressources économisées ont permis de financer un secteur social important. Ce sont des facilités qui existent. Et si la Côte d'Ivoire y a eu recours, d'autres pays peuvent également se tourner vers ces facilités », at-il ainsi conclu son édifiante intervention, saluée par des applaudissements nourris. Il faut par ailleurs noter que ces trois jours de travaux déboucheront sur la « Déclaration de Lomé sur la gestion de la dette ».
SERCOM MFB